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Moyens généraux dont on doit se servir pour

bien faire l'Ecole.

 

Ier. Moyen. La Prière. ------Comme tous

les talens viennent de Dieu, on doit les lui

demander souvent dans la Prière, faire

quelques communions à cet effet; invo-

quer souvent la protection de la Très-

Sainte Vierge, et le secours des Saints

Anges, se recommander à eux dans les

travaux et les diffcultés de son état.

IIe. Moyen. Egalité de conduite. ------Il

faut s'étudier à acquérir une parfaite

égalité de conduite, qui consiste à être

toujours le même en tout temps et dans

toutes les circonstances, à se voir tou-

jours agir, et à ne paraître jamais diffé-

rent d'un moment à l'autre. Cette égalité

est d'une nécessité indispensable, si l'on

veut prendre un certain ascendant sur la

jeunesse, et s'en faire respecter; car rien

n'est plus respectable qu'un homme qui se

montre toujours dans la même situation

d'esprit et la même égalité d'humeur.

Ceux qui ne s'appliquent pas à triom-

pher de l'inconstance naturelle, sont or-

dinairement le jouet de leurs différentes

 

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passions; aujourd'hui, dominés par la

tristesse, leur abord n'annonce que sévé-

rité, ils sont inexorables sur les moindres

fautes, et ne pardonnent rien; demain, la

légèreté, l'inconstance, les ris immodé-

rés les distingueront du jour précédent:

dès-lors, moins de retenue, moins de si-

lence, moins d'attention sur eux-mêmes;

les infractions du devoir seront comptées

pour peu de chose, tout sera négligé:

tels sont les pernicieux effets de l'iné-

galité de conduite.

IIIe. Moyen. Le Silence. ------ Le silence

est si nécessaire pour bien faire l'Ecole,

que son seul usage suffit souvent dans un

Maître, pour en inspirer la pratique aux

écoliers: en parlant rarement et toujours

bas, on est sûr de se concilier leur atten-

tion. Le silence calme les esprits agités,

ramène la tranquillité et rétablit l'ordre.

On ne doit donc parler que pour des su-

jets importans et lorsqu'on ne peut s'ex-

primer par signes. Les avis qu'on a à

donner, les points de Réglement qu'il

faut recommander, tout cela peut se dire

à la fin du Catéchisme ou pendant l'exa-

men, à moins qu'on ne jugeât plus à pro-

pos de le faire au commencement des

principaux exercices, ce qui doit cepen-

dant être rare.

Dans une classe où le silence n'est pas

 

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observé, il n'y a presqu'aucun ordre, ni

attention, ni application au devoir, ni

sagesse dans les Prières; peu de progrès

en tout, et malgré tous les mouvemens et

les avertissemens du Maître, on n'en re-

marque aucun heureux effet, et cela préci-

sément parce qu'il agit et qu'il parle trop.

IVe. Moyen. Bon exemple. ------ Avec

beaucoup de gravité dans la conduite,

d'égalité dans l'humeur, de retenue dans

les paroles, un Maître doit encore prê-

cher d'exemple: rien n'est plus puissant

sur l'esprit des enfans, comme sur les

hommes faits. Il ne doit donc jamais se

permettre une parole qui ne soit une le-

çon, une démarche qui ne soit un modèle;

de quelque tempérament que soient les

enfans, insensiblement la vertu, la dou-

ceur, la sérénité d'un Maître, passent

dans l'ame de ses écoliers; mais pour cela

il faut toujours conserver à leur égard la

décence qui convient. On ne saurait être

trop circonspect devant les enfans: ils

voient, ils écoutent tout, et souvent

mieux, qu'on ne croit.

Témoigner trop de bonté extérieure

aux enfans, les caresser, les embras-

ser, etc., c'est s'avilir. Toute démonstra-

tion d'amitié trop tendre, peut être per-

nicieuse aux enfans, et dangereuse aux

Maîtres. Un air d'affabilité, un signe de

  

(015)

contentement, une louange donnée à

propos; voilà ce qui flattera, ce qui en-

couragera toujours un enfant, sans l'ex-

poser à sortir jamais des bornes du res-

pect, effet trop ordinaire de la familiarité.

Ve. Moyen. Vigilance sur soi et les

écoliers. ------ Le respect que les enfans

portent à leur Maître , étant une suite de

l'estime qu'ils ont pour lui, il doit mériter

ce sentiment de leur part, en ne leur

laissant rien apercevoir qui ne soit esti-

mable. Pour y parvenir, il a besoin de

veiller beaucoup sur lui-même, afin que

toute sa conduite soit un modèle à suivre;

mais cette vigilance ne doit point le dis-

traire de celle qu'il doit avoir sur ses

écoliers; elle prévient bien des fautes,

qu'ils commettent par inadvertance:

pour les maintenir dans le devoir, il ne

faut souvent qu'un coup-d'œil jeté à pro-

pos. Dès qu'on est attentif à tout ce qui

se passe dans une classe, tout s'y fait avec

attention. Mais cette espèce de sollicitude

et d'activité de la part du Maître, ne doit

jamais altérer en lui la tranquillité d'es-

prit avec laquelle il doit se montrer. Les

écoliers ne doivent remarquer dans leur

Maître aucune agitation; moins il se

donnera de mouvemens, plus sa vigilance

aura d'effet. Dès qu'il ne perdra point

ses écoiers de vue, et qu'ils seront eux-

  

(016)

mêmes persuadés qu'ils ne peuvent s'é-

carter du devoir sans être aperçus, cela

suffira pour les tenir dans l'ordre.

VIe. Moyen. Point d'acceptions parti-

culières. ------ Comme un Maître se doit

tout entier à ceux dont il a la conduite,

ils doivent lui être tous également chers.

Il ne s'attachera donc point, par préfé-

rence, à quelques-uns, en ne donnant

aux autres qu'une attention superficielle:

outre qu'il y aurait une injustice réelle,

ce serait exciter la jalousie et donner

lieu à des murmures justement fondés.

Tous les écoliers ont un droit acquis aux

soins du Maître, il leur doit donc à tous

et son temps et son application.

VIIe. Moyen. Gratuité ------ Pénétré de

la noble idée de l'instruction gratuite, à

raison du vœu que l'on en a fait, on se

gardera bien de recevoir aucun présent

de la part des écoliers ou de leurs parens;

ce serait manquer de fidélité à ses pro-

messes, et s'engager à une reconnais-

sance qui, en liant Pautorité, avilirait

notre ministère. Un Maître qui a l'esprit

de son état, rougirait même qu'on le

crût capable de se laisser corrompre par

des présens. Sa fermeté sur ce point

doit être à toute épreuve, s'il veut agir

avec liberté, et conserver la réputation

d'homme intègre dans ses devoirs.

 

 (017)

VIIIe. Moyen Conformité dans l'En-

seignement. ------ La conformité dans l'en-

seignement est d'autant plus nécessaire,

qu'elle intéresse tous les membres d'un

même corps. Un Frère qui quitte une

classe pour en aller faire une autre,

y trouvant toutes choses dans le même

ordre où il a laissé celle qu'il faisait lui-

même, continue les enseignemens avec

autant de facilité pour lui, que de succès

pour les enfans, lesquels ne s'aperçoi-

vent pas du changement de leur Maître,

parce que le cours ordinaire des exer-

cices, n'est interrompu par aucune in-

novation. Chaque chose se fait dans le

temps et de la manière prescrite. Cette

ponctualité d'ordre, en fixant la conduite

d'un Maître, détermine ses actions et

fait le motif de sa tranquillité.

Quant à la manière de faire l'école,

l'uniformité doit être égale partout,

sans s'écarter en rien des usages reçus;

ainsi, mêmes signes pour les leçons,

même méthode pour la lecture, écriture

et arithmétique; même manière de faire

le Catéchisme, de dire et de faire répéter

les Prières, d'assembler et de renvoyer

les enfans; la Conduite de écoles doit

être pour tous la règle invariable. Un

Maître trouvera dans sa fidélité à s'y

conformer, l'espoir de ses succès.

 

 (018)

IXe. Moyen Assiduité à l'école. ------ La

présence du Maître est d'une si grande

importance pour le bon ordre d'une

classe, et pour que le devoir se fasse,

qu'on ne doit jamais s'en absenter que

pour des raisons indispensables: on doit

même éviter toute occupation étrangère

à l'exercice actuel; ne recevoir aucune

visite qui puisse se remettre à un autre

temps; terminer en peu de mots avec

les parens des écoliers; ne point s'amu-

ser avec des voisins, sous prétexte de

leur rendre service, ne lire, n'écrire

rien qui puisse faire perdre l'attention

qu'on doit avoir sur les écoliers; préve-

nir même les plus légers besoins, afin

de n'avoir aucun motif de s'absenter ou

de sortir fréquemment de la classe. Un

Maître zélé préférera toujours son devoir

à tout autre objet. D'ailleurs, on ne peut

perdre ou négliger le temps de l'école,

sans se rendre coupable d'injustice en-

vers les écoliers à qui l'on doit tout son

temps, et sans avoir à répondre à Dieu des

punitions occasionnées par ces absences,

ainsi que des fautes que les enfans au-

raient commises pendant ce temps.

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LES DOUZE VERTUS D'UN BON MAÎTRE.

La Gravité , le Silence , l'Humilité , la Prudence , la

Sagesse , la Patience , la Retenue , la Douceur , le Zèle ,

la Vigilance la Piété et Générosité.

 

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Presented by Masatsune Nakaji.

since August 6, 1996.

Renewed August 8, 2002.

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